Ils n’étaient pas nombreux à siéger mardi sur les gradins du Bundestag réservés au public : la quasi-totalité des traîtres de guerre condamnés par Hitler et réhabilités cette semaine par le Parlement allemand sont morts depuis longtemps. Ludwig Baumann, 87 ans, connaîtra, lui, de son vivant, la satisfaction de récupérer officiellement son honneur. Sur les 30 000 «traîtres de guerre» condamnés à mort du temps du nazisme, la plupart étaient, comme Ludwig Baumann, déserteurs. Parmi eux, 10 000 ont été exécutés.
Ludwig Baumann a 20 ans et se trouve en France occupée lorsqu’il tente, en 1942, de fuir pour les Etats-Unis. Envoyé en camp de concentration, torturé, condamné à mort, il doit sa grâce à des relations familiales et finira la guerre dans un bataillon spécial. Après la guerre, Baumann s’engage dans le mouvement pacifiste et milite en faveur de la réhabilitation des déserteurs et des traîtres de guerre.
Qu'il lui ait fallu attendre soixante ans après le début du conflit pour obtenir satisfaction en dit long sur la relation ambiguë qu'entretient toujours l'Allemagne avec la Wehrmacht. Pour bien des Allemands, les crimes de guerre étaient l'affaire des troupes spéciales SA et SS, qui se seraient chargées du «sale boulot», tandis que l'armée aurait gardé les mains propres et les soldats leur honneur. Cette théorie est aujourd'hui totalement contestée. N'empêche. Pendant des années, la réhabilitation des déserteurs et des traîtres de guerre s'est heurtée au refus catégo