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Libération
Interview

«Les Occidentaux ne sont plus dans une logique d’isolement de Harare»

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Thierry Vircoulon, spécialiste de l’Afrique australe à l’Institut français des relations internationales (Ifri), commente la visite d’une délégation européenne au Zimbabwe :
publié le 15 septembre 2009 à 0h00

Pour la première fois depuis sept ans, une délégation de l’Union européenne s’est rendue au Zimbabwe ce week-end. L’UE, qui souhaite favoriser la démocratisation de l’ex-Rhodésie sans conforter Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, a décidé de maintenir ses sanctions. Spécialiste de l’Afrique australe à l’Institut français des relations internationales (Ifri), Thierry Vircoulon analyse le sens de cette visite.

Que pensez-vous de l’attitude de l’Union européenne ?

Cette visite s'inscrit dans les tentatives de renouer le contact entre Harare et la communauté internationale. Le FMI et la Banque mondiale ont déjà envoyé des délégations sur place. La communauté internationale n'est plus dans une logique d'isolement des autorités du Zimbabwe. Mais face à un gouvernement mixte [dirigé par l'ex-opposant, Morgan Tsvangirai, ndlr], elle tente de renouer le dialogue, sans pour autant reprendre l'aide normale.

Ce pas de deux ne risque-t-il pas d’attiser les tensions internes au Zimbabwe ?

Je ne le crois pas. Le parti de Mugabe, le Zanu-PF, avait dit attendre des «excuses» de la part de l'UE avant l'arrivée de la délégation. Mais personne, en Europe, n'avait laissé entendre que l'UE allait lever les sanctions. Bruxelles maintient sa position : pas de reprise d'une aide structurelle tant que l'accord politique global, signé par Mugabe et Tsvangirai, n'est pas appliqué. En revanche, l'UE n'a pas interrompu son aide humanitaire et elle a récemment débloqué des fonds pour soutenir les secteurs de l'éducation et de la santé.

Le Premier ministre Morgan Tsvangirai accuse le camp présidentiel de torpiller le processus de réconciliation. Qu’en est-il ?

Tout est bloqué, en effet. Les blocages portent sur trois points essentiels. Primo,