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Libération
EDITORIAL

Alexandrie

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publié le 17 septembre 2009 à 0h00

Parlons tout d’abord de Wael Abbas et Abdel Karim Soliman. Deux blogueurs égyptiens condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir osé critiquer le dictateur local. Tout cela sous le règne de Farouk Hosni, inamovible ministre de la Culture du président Moubarak qui règne d’une main de fer sur son pays depuis bientôt trente ans. Hosni le ministre a été le parfait apparatchik égyptien, réprimant la vie intellectuelle de son pays, contrôlant l’information et la presse au service de son maître. On sait qu’il a voulu lui-même brûler les livres israéliens. On peut aisément imaginer les dégâts que les ouvrages d’Amos Oz, David Grossman ou Sayed Kashua, libéraux, ouverts, divers et tolérants pourraient faire sur une population gavée de propagande officielle. Le gouvernement français, au nom de la chancelante Union pour la Méditerranée, nous dit que Hosni a changé. Israël s’oppose mollement à ce ministre de l’un des rares gouvernements arabes à l’avoir reconnu. Son élection, nous dit-on, serait un signal positif envers le monde arabo-musulman qui s’estime stigmatisé. Soit.

Que Hosni alors montre sa nouvelle tolérance une fois élu à la tête de l’Unesco. Qu’il exige de Moubarak la libération des blogueurs emprisonnés et la levée de la censure de la presse. Que Hosni invite à l’Unesco ses nouveaux amis écrivains israéliens avec le Libanais Adonis, l’Anglo-Indien Salman Rushdie, l’Egyptien Alaa al-Aswany. L’Unesco sera alors, comme le fut la bibliothèque d’Alexandrie, un modèle de di