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TRIBUNE

Force ou raison en politique ?

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Modérateur Véronique Soulé, «Libération»
par
publié le 18 septembre 2009 à 0h00

WOJCIECH JARUZELSKI Président de la Pologne (1981-1990)

D’un point de vue philosophique, il ne peut y avoir qu’une seule réponse, celle de la raison. Mais en politique, la raison sans la force est impuissante, tandis que la force sans la raison est bête, elle peut même être criminelle. L’état de guerre était un épisode dramatique mais un mal moindre que la catastrophe qui nous menaçait. La raison a précédé l’usage de la force. Certains le contestent et je les respecte, surtout venant de personnes qui ont souffert de la répression. A plusieurs reprises, j’ai demandé pardon. L’essentiel est que nous sommes arrivés à la Table Ronde. C’était un moment historique, car nous avons en Pologne un culte de l’insurrection et du martyre. Notre hymne national nous dit de reprendre par le sabre ce que la puissance étrangère nous a arraché. Je suis heureux que cette fois-ci nous n’ayons pas suivi cet exemple. Aujourd’hui, il est absurde de surenchérir pour attribuer ce mérite à l’un ou à l’autre. C’est la Pologne qui est victorieuse. Je voudrais souligner le rôle historique de Solidarnosc, de Lech Walesa, Jacek Kuron, Adam Michnik, Bronislaw Geremek, Tadeusz Mazowiecki, Zbigniew Bujak, Wladyslaw Frasyniuk et de bien d’autres. Ils ont su surmonter les antagonismes et les blessures. Nous, les autorités, nous avons su dépasser les canons de la doctrine : c’était une victoire de la raison et du réalisme. Nous sommes devenus l’impulsion et le modèle pour les autres pays de notre