LADAN BOROUMAND Directrice de recherche à la fondation Abdorrahman Boroumand pour la promotion des droits de l'homme
Répressions violentes, meurtres, arrestations en masse, tortures et viols, parodies de justice et aveux contraints constituent l’épilogue totalitaire d’un drame électoral dont le prologue fut marqué par une liberté d’expression sans précédent. Cela s’explique par la fonction singulière attribuée aux élections par la Constitution ; la souveraineté, divine, est déléguée au Guide suprême ; l’autorité politique revient à une oligarchie qui la reçoit de ce dernier et se renouvelle par cooptation. C’est pourquoi les candidats aux postes électifs sont triés sur le volet et désignés par l’oligarchie. L’électeur choisit un candidat qui n’est pas le sien mais, ainsi, il approuve la légitimité d’un système où les élus de Dieu choisissent les candidats pour lui. Pour se renforcer, la légitimité divine requiert la reconnaissance du peuple par sa forte participation. De l’exercice de la souveraineté du peuple, les élections se transforment en une approbation de la souveraineté divine des dirigeants. Réduire les élections à un rituel célébrant la légitimité divine est un vrai défi pour le régime, comme en atteste le leurre d’un moment furtif de liberté pour attirer l’électorat aux urnes. D’où le grand malentendu, la colère spontanée du peuple qui, en votant, a cru exercer sa souveraineté, fut-elle restreinte.
YANN RICHARD Iranologue, professe