En transit en France, d'abord pour une semaine, l'ancien dictateur d'Haïti Jean-Claude Duvalier alias «Bébé Doc» y séjourne depuis… vingt-trois ans, semi-clandestin dans un trois-pièces à Paris, ruiné. Entre sa prise des pleins pouvoirs à Haïti, en 1971 et sa fuite en France, en 1986, Jean-Claude Duvalier avait pillé les caisses de l'Etat. Une partie de ces fonds - plus de 7 millions de dollars américains - fut déposée sur un compte à l'Union des banques suisses (UBS) à Genève, puis confisquée en 2002, après des années de procédures. Dans un arrêt inédit du 12 août, que Libération s'est procuré (1), l'office fédéral de la justice helvète vient de décider de restituer cet argent à la République d'Haïti. «Officiellement», c'est la fondation Brouilly - créée en 1972 par Simone Duvalier, la mère de l'ancien dictateur, et basée à Vaduz, capitale du paradis fiscal du Liechtenstein , qui détient ces 7,6 millions de francs suisses (5 millions d'euros).
«Licite ou illicite ?»
La fondation a multiplié les contre-attaques pour les récupérer, en vain. Son dernier recours du 16 mars a donc été rejeté il y a un mois, au motif que la fondation n'apporte pas la preuve de l'origine licite de cet argent. C'est une première en droit, «la justice suisse a renversé la charge de la preuve», explique Louis Joinet, expert indépendant de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Haïti qui, dans son rapport de 2007, a prôné «la lutte contre l'impunité» du clan Duvalier puis a œuvré à la rest