«Je n'ai rien contre Obama… tant qu'il ne ramène pas tous ses ancêtres africains ici. C'est vrai, je n'aurais jamais voté pour un Noir. Mais c'est que mon avis perso… » Assis sur le capot de sa voiture, une Remington entre les jambes, Jason O., 21 ans, a l'air chiffon, son visage poupon encore tout fripé de sommeil. Au stand de tir des frères Clark, en Virginie, rendez-vous des «purs et durs» de l'Amérique, qui ont chacun plutôt dix armes qu'une seule, c'est peut-être pour cela qu'il est un des rares à proclamer son racisme ouvertement. «C'est vrai, je suis un peu effrayé par Obama, marmonne-t-il. Tu ne sais pas ce qu'il va faire. Pour moi, les Noirs ce sont des gamins qui écoutent une musique stupide, qui font des choses stupides… » Jason n'en dira pas plus, ses copains, crânes rasés et tenues de camouflage, l'appellent pour aller s'entraîner au tir.
«Le Sud se relèvera». A la boutique de souvenirs qui jouxte le stand de tir, le Sud confédéré, qui fit Sécession en 1861 pour maintenir l'esclavage, est à l'honneur. «Le Sud se relèvera» promet une affiche à vendre, parmi les nombreux drapeaux et plaques de la Confédération. «Nous sommes proches ici des grands champs de bataille de la Guerre civile, assure John Mills, sympathique vendeur de 22 ans. Les souvenirs de la Confédération se vendent bien, mais c'est aussi parce qu'on ne les trouve pas au Nord.» Même ici, dans ce fief ultra-conservateur et nostalgiqu