Et si un cycle se refermait, sous nos yeux, sans qu'on le voie ? Après l'effondrement soviétique, l'Amérique avait cru que son modèle et son règne s'étaient définitivement imposés au monde. Après le 11 Septembre, elle avait tenté d'exporter la démocratie et de rappeler sa force en projetant sa puissance militaire et la voilà, désormais, après ce double échec, qui semble bel et bien renoncer à l'hyperpuissance. La voici qui change du tout au tout, cherche à s'assurer l'appui de la Russie, s'essaie à négocier avec l'Iran, prend acte, en un mot, de la diversité du monde - paraît se résoudre à cette «heure du partage» à laquelle Fareed Zakaria, le chroniqueur de Newsweek, l'appelle dans un livre traduit par les éditions Saint-Simon et dont le titre original est The Post-American World, «le Monde post-américain». L'expression pourrait avoir été prophétique car, en enterrant jeudi ce bouclier antimissiles que George W. Bush avait projeté de déployer en Pologne et en République tchèque, Barack Obama a fait plus qu'éliminer un sujet de conflit majeur avec Moscou.
Les Russes avaient toujours considéré, non sans raison, que ce radar et ces intercepteurs visaient moins à parer d'éventuels tirs de missiles iraniens de longue portée qu'à mettre fin à l'équilibre stratégique hérité de la Guerre froide. Ils avaient vu là une volonté d'achever de les rétrograder sur la scène internationale. Réelle dans les années 90, la connivence diplomatique entre Washington et M