Dans ce café du Caire, les visages sont sombres et les conversations agacées. «C'est ignoble», lance, très sec, un sexagénaire à l'allure élégante. Entre ses mains, le journal indépendant Al-Masri al-Youm. En une, le portrait de Farouk Hosni voisine un titre rageur, dénonçant «le choc des civilisations» à l'Unesco. La presse égyptienne est unanime à pourfendre «l'infâme campagne» contre son ministre de la Culture, qui aurait été orchestrée par des «intellectuels juifs en France», les représentants américains auprès de l'Unesco et des médias internationaux qualifiés de «malhonnêtes».
Islam, interne en médecine, a suivi d'un œil la course à l'Unesco. «Je n'ai aucune sympathie pour Farouk Hosni et je ne souhaitais pas sa victoire. Cela fait vingt-deux ans qu'il est ministre en Egypte, et il n'a rien fait ici, alors qu'aurait-il pu apporter de bon à l'Unesco ? Mais je n'ai pas aimé le tour politique qu'ont pris les choses. Il a été accusé à tort. Et il a perdu pour de mauvaises raisons.»«Il n'est pas antisémite. Mais ici, nous sommes contre la normalisation avec Israël, et vous, les Occidentaux, vous refusez de comprendre la différence», lance son père, assis à ses côtés, en faisant référence à la politique adoptée de facto depuis trente ans par Le Caire. Premier pays arabe à avoir signé la paix avec Israël, l'Egypte refuse de normaliser ses relations, notamment culturelles, avec l'Etat hébreu avant un accord de paix