La sono hurle Start me up des Rolling Stones, et elle apparaît, veste de tailleur blanche, pantalon noir. Angela Merkel serre les mains qui se dressent vers elle, à droite, à gauche, et la foule hurle «Angie ! Angie !». C'était samedi à Berlin, lors du grand meeting de fin de campagne, à la veille d'un scrutin qui lui a valu un nouveau triomphe.
Quel chemin parcouru pour celle que Helmut Kohl appelait «la gamine» ! Sur les photos d'il y a quinze ans, à l'époque de son premier ministère, on la voit, sourire timide, coupe à la garçonne, mal fagotée. Elle est désormais, à 54 ans, la personnalité politique la plus populaire du pays. Les critiques directes sont rares, et ciblent à son bilan plus qu'elle-même. Son image reste pourtant insaisissable. «Angela Merkel est un sphinx», écrit le journaliste et écrivain suisse Fritz Dinkelmann.
Achever le père. De fait, sous ses airs sages se cache une tacticienne hors pair. Ses victimes ? Tous les hommes de pouvoir qui ont commis l'erreur de la sous-estimer. Son premier crime politique était sans doute le pire : Angela Merkel a poussé son mentor, Helmut Kohl, vers la sortie. «S'il avait imaginé une seconde qu'elle irait si loin, il ne l'aurait jamais mise en avant» dit-on dans les cercles de la CDU. Le père de la réunification, séduit par son intelligence, voyait en elle le pion idéal pour tenir ses quotas : femme, Ossie (surnom donné aux Allemands de l'Est), jeune et toute dévo