Mieux qu’un livre d’histoire, l’évolution des prénoms en Chine. De nombreux enfants nés autour de 1949, dans l’enthousiasme révolutionnaire de la République populaire de Chine, s’appellent Jianguo («Fondation du pays»), Jiefang («Libération») ou Aijun («Aimer l’armée»).
Quelques années plus tard, alors que la Chine soutient la Corée du Nord communiste contre les Américains, l'inquiétude s'abat sur les berceaux. Apparaissent des Weiguo («Protéger le pays») et des Yuanchao («Soutenir la Corée»). Leurs petits frères des années 1958 à 1960 ne sont pas mieux lotis : Mao a lancé le Grand Bond en avant, la politique de collectivisation et d'industrialisation qui ferait que la Chine allait «rejoindre la Grande-Bretagne et dépasser les Etats-Unis». Dans les campagnes, les enfants se sont appelés Liantie («Enrichir le fer») ou Gongshe («Commune populaire»).
A cette époque, le régime fait la chasse aux intellectuels qui critiquent le régime. Les parents appellent leurs fils Pixiu («Critiquer le révisionnisme») ou Fangxiu («Se défendre contre le révisionnisme»). La Révolution culturelle a laissé sa marque dans la généalogie : on ne compte plus les Hongbing («Garde rouge») et Fanzi («Antibourgeois»). A la mort de Mao, la mode change. Les «jeunes instruits» envoyés piocher à la campagne reprennent des études ou font des enfants qu’ils baptisent Xuexi («Etudier») ou Xuezhi («Apprendre la connaissance»).
Plus tard, la Chine s'enrichit, voyage. La superstition a remplacé la propagande,