Le procès des dirigeants khmers rouges à Phnom Penh sert de laboratoire pour une innovation au sein de la justice internationale : la participation au procès des parties civiles, les survivants et les familles des victimes du régime khmer rouge. Cette expérience a dérapé dans la controverse alors que le procès de Douch, le directeur du centre de tortures S-21, s’achemine vers les plaidoiries.
Les parties civiles boycottent la fin du procès et les avocats s'accusent mutuellement d'avoir provoqué cette crise. «Le rôle des parties civiles a été démontré dans ce procès. Le poids de leur témoignage a apporté un peu de réalité à ce procès. Ceci ne doit pas être effacé», dit Christine Martineau, avocate d'un groupe de parties civiles. La crise a été provoquée par une double décision des juges fin août : les avocats des parties civiles ne peuvent pas faire de commentaire sur la peine qui sera imposée à Douch par les juges ; ils ne peuvent pas non plus interroger les «témoins de personnalité», ceux qui vont évoquer à la barre le caractère de l'accusé.
«Honorable». L'indignation a été immédiate. Le lendemain, une trentaine de parties civiles se rendaient sur le site du centre S-21 pour rendre hommage aux victimes en signe de protestation symbolique. «Si mes avocats ne peuvent pas interroger les témoins de personnalité, pourquoi ai-je besoin d'avocats ?» s'indigne Chum Mey, l'un des rescapés de S-21. Mais au-delà de la décision des juges, c'est surtout