Un village d’irréductibles maoïstes résiste au milieu d’un pays engagé sur la voie du capitalisme. Nanjie, 4400 âmes, est un bourg rural de la province du Henan, dans le centre de la Chine agricole. On dirait un village modèle Potemkine qui aurait pris une voie parallèle aux réformes des trente dernières années, en s’entêtant dans le collectivisme.
On y arrive par une grande artère centrale qui mène à la place de «L’orient est rouge» où se dresse une imposante statue de Mao, le bras éternellement tendu vers l’est. Autour de lui sont érigés des portraits de 6 mètres de haut de Marx, Engels, Lénine et Staline, dominant les rares motoculteurs et bicyclettes des paysans et ouvriers locaux. L’ambiance y est orwellienne. Aucune publicité, aucun commerce privé, partout en rouge sur les bâtiments des slogans tels que «L’individu n’est rien sans le groupe» ou «Le communisme est le paradis».
Gratuit. Dès 6 heures du matin, des hauts-parleurs diffusent des chants révolutionnaires et des émissions de propagande. En 1981, suivant les réformes de Deng Xiaoping, les terres ont été réparties entre les agriculteurs. Mais des rivalités ont éclaté, l'économie a plongé, et un cadre corrompu est parti avec la caisse municipale. En 1984, le charismatique secrétaire du Parti Wang Hongbin a décidé de recollectiviser les terres à contre-courant de ce qui se passait dans le pays. Nanjie a décidé d'offrir école, soins et appartements spacieux à tous ses résidents. Ici presque tout est g