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Libération

Une dictature «modernisée»

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Le PC se départit de son idéologie pour faire place à un capitalisme sous contrôle.
publié le 29 septembre 2009 à 0h00

Que reste-t-il de communiste en Chine? En ce 60e anniversaire de la République populaire, dont l'économie occupe désormais le troisième rang mondial, la question mérite d'être posée. Elle fait beaucoup rire Mao Yushi du haut de ses 80 ans révolus, sans doute le plus illustre des économistes chinois. Libéral, il n'est pas membre du Parti, et a créé son propre institut de recherche indépendant à Pékin, en 1993, pour promouvoir l'économie de marché. L'intellectuel, qui se revendique de droite, a payé le prix fort : les rigueurs du camp de travail, les affres de la famine des années 60, les persécutions des Gardes rouges. «La Chine d'aujourd'hui est une dictature, mais elle est beaucoup plus acceptable que la terrible dictature qu'imposait Mao Zedong en son temps. Tant de gens ont été tués pour leurs opinions, peut-être 50 millions… 5 000 par jour.»

Mais pour finir, ce sont pour ainsi dire les idées de Mao Yushi qui ont triomphé. «Aujourd'hui nous vivons dans un régime capitaliste, explique-t-il, mais un capitalisme placé sous le contrôle dictatorial du Parti communiste. D'ailleurs, même Hu Jintao [numéro 1 du PC, ndlr] ne croit plus dans le marxisme et le communisme.» Selon lui, le Parti, qui, en 2002, a ouvert ses rangs aux patrons, «devrait instamment changer de nom. Un Parti communiste doit mettre en commun les biens de production, alors que le PC chinois fait l'inverse, et dit protéger la propriété privée». Le portrait