Menu
Libération
Portrait

Capitaine Moussa Dadis Camara, faux espoir, vrai potentat

Article réservé aux abonnés
Le chef de la junte, à la tête du pays depuis décembre, a pris goût au pouvoir.
publié le 30 septembre 2009 à 0h00

C'est un Amin Dada en VF. Surgi de nulle part à la mort du président Lansana Conté, le capitaine Dadis Camara avait suscité des espoirs qui paraissent aujourd'hui au mieux démesurés, voire totalement utopiques. En décembre 2008, lorsqu'un quarteron de jeunes militaires prend le pouvoir laissé vacant par la disparition de Conté, après une interminable agonie, la société civile guinéenne, les partis politiques, les diplomates et même la presse internationale ont voulu croire que cet homme de troupe aux manières un peu brusques et au franc-parler déroutant serait l'homme de la situation : celui qui aller «nettoyer la maison» après des décennies de corruption effrénée avant d'organiser, pour la première fois, des élections libres. Depuis l'indépendance, seuls deux hommes avaient dirigé cette ancienne colonie française ombrageuse (au point de refuser la main tendue de De Gaulle en 1958) : le marxiste Touré et le «général-paysan» Conté. Aujourd'hui, les Guinéens en viendraient presque à les regretter…

Tout avait bien commencé, dans une atmosphère sympathique de «happening» selon le mot d'un diplomate. Installé au camp militaire Alpha-Yaya-Diallo, le capitaine Moussa Dadis Camara fait fi du protocole : qui veut le voir n'a qu'à venir et patienter, parfois des jours entiers. Dès les premiers jours, des narcotrafiquants sont arrêtés, interrogés au camp militaire. Mais très vite, on commence à s'inquiéter des foucades du militaire, notamment lorsqu'il fait diffuser à