Une file d'hommes presse le pas sur le trottoir. Les barbes sont longues. Derrière marchent les femmes, couvertes de noir. La nuit est tombée sur ce quartier huppé du Caire. Au bout de la rue, la mosquée al-Rayan a ouvert ses portes pour les prières de Tarawihs. Des prières surérogatoires, jadis peu fréquentées, qui sont l'un des nombreux signes visibles, avec le port du niqab, de ce que la presse cairote elle-même qualifie de salafisation de la société égyptienne. Un regain de puritanisme religieux que certains pensent encouragé, ou du moins toléré, par l'Etat, pour affaiblir les Frères musulmans.
Depuis sa percée aux législatives de 2005, malgré un scrutin entaché d’irrégularités, la confrérie islamiste est sous le coup d’une sévère répression. Plus de 400 de ses membres sont actuellement emprisonnés. Parmi eux, des cadres clés du mouvement, comme Abdel Moneim Aboul Fotouh. Un réformateur, chef de file des modérés de la confrérie, très apprécié des milieux diplomatiques occidentaux qui soulignent son pragmatisme et sa capacité d’ouverture.
Ces arrestations ciblées d’islamistes réformateurs inquiètent les spécialistes, comme le chercheur Khalil el-Anani, qui craint qu’une telle stratégie ne radicalise au contraire le reste de la confrérie ou ne laisse le champ libre à un nouveau courant plus radical.
Soutien. Car dans la même veine, les autorités égyptiennes viennent de retoquer pour la quatrième fois la demande de création du parti al-Wassat (le Cent