Lors de mon dernier voyage en Iran, début septembre, j'ai trouvé les Iraniens plongés dans un mélange de profonde tristesse et de courage sans précédent. Tous me disaient que, «depuis ces événements, quelque chose avait définitivement changé» chez eux. Ce mouvement de contestation «vert» rappelle la lutte de la société iranienne contre le despotisme, maintes fois réprimé, jamais tout à fait éteint, mais on ne peut le comprendre sans examiner l'histoire récente.
En 1979, la dictature du chah a été renversée par une coalition hétéroclite (révolutionnaires, religieux, libéraux…), avant que les religieux islamistes menés par Khomeiny n'éliminent les autres courants, pour la plupart laïques. Cette répression sanglante a fait des milliers de morts et supprimé pour des années le mot «opposition» du vocabulaire politique : dans la république islamique, tous les candidats aux élections sont choisis par l'entourage du Guide suprême. Pourtant, des courants ont émergé à l'intérieur du pouvoir : conservateurs (modérés comme Rafsandjani, ultras comme Khamenei) ou «collectivistes» (comme Moussavi et Karroubi, qui ont favorisé les nationalisations). Après la mort de Khomeiny en 1989, une alliance des conservateurs (sous l'égide du tandem Khamenei-Rafsandjani) a gouverné le pays et l'aile gauche du régime a formé une opposition légale, les «réformateurs». Ceux-ci arrivent au pouvoir avec la victoire de Khatami à l'élection présidentielle de 1997. Lequel entreprend des réformes ambiti