Kenneth Roth est le directeur exécutif de Human Rights Watch (HRW), l’une des principales ONG de défense des droits de l’homme au monde, basée à New York. De passage à Paris, il tire un premier bilan de la politique de Barack Obama.
Quel jugement global portez-vous sur le bilan d’Obama en matière de droits de l’homme ?
Il y a du bon et du moins bon. Ce qu'il fait de bien, c'est d'avoir obligé la CIA à se conformer aux règles en vigueur dans l'armée américaine en matière d'interrogatoires, qui sont bonnes depuis le scandale d'Abou Ghraib. Deuxièmement, il a ordonné la fermeture des centres d'interrogatoire et de détention secrets de la CIA, où disparaissaient littéralement les prisonniers : c'est là où ont eu lieu la plupart des cas de torture, dont la fameuse pratique du water-boarding (simulation de noyade). Là où il s'est montré plus décevant, c'est dans les poursuites contre les auteurs et responsables de la torture. Il n'a permis des enquêtes que sur ceux qui avaient dépassé les ordres. Or, le problème, ce sont les ordres eux-mêmes, donnés par des officiels de haut rang, et justifiés par des juristes du département de la Justice. Cette distinction est absurde, résultat : l'auteur d'une simulation d'exécution par arme à feu peut être poursuivi, mais pas celui qui l'a fait par water-boarding. J'espère que le ministre de la Justice, Eric Holder, va élargir les enquêtes aux responsables ayant ordonné le recours à la torture.
Holder vient de confirmer que Guantánamo ne pourrait pas être fermé d’ici à janvier comme Obama l’avait promis. Vous êtes déçu ?
Je suis moins obsédé par la vitesse des réformes que par leur contenu. Je peux attendre un peu pour que les bonnes décisio