C'est la paysanne aux ongles les mieux manucurés du pays. L'actrice Valerie Dominguez, Miss Colombie 2005, est l'une des heureuses bénéficiaires du plan Agro Ingreso Seguro (AIS), programme conçu par le pouvoir colombien pour « aider les travailleurs des champs ». Aux côtés de cette mannequin, a révélé l'hebdomadaire Cambio le mois dernier, une poignée de boursicoteurs et des clans de politicards proches du pouvoir ont été arrosés par les millions d'euros du généreux programme.
Même si certains des travaux subventionnés seraient en cours de réalisation, cette série de cadeaux aux familles les plus opulentes du pays ont choqué l’opinion publique, d’ordinaire blasée, et provoqué l’ouverture d’une enquête judiciaire.
Au départ, l’AIS devait préparer les agriculteurs colombiens à l’entrée en vigueur d’un traité de libre-échange mal négocié avec les Etats-Unis. Prêts à bas taux et subventions directes allaient préparer le secteur « à l’internationalisation », promettait le gouvernement conservateur.
Les petits exploitants, sacrifiés par une première ouverture douanière suicidaire, saignés par les milices de tout bord, méritaient bien un coup de main. Ils fournissent le gros des 3 millions de réfugiés internes du pays, et se sont vu spolier 3 à 5 millions d’hectares par les groupes d’extrême-droite et leurs alliés politiciens.
Mais l’essentiel de l’aide est allée à de grandes familles ou à des entreprises parfois inconnues, tandis que les coopératives de paysans restaient gro