Olga Krychtanovskaïa, directrice du centre d’études sociales de l’Académie des sciences à Moscou, est une des plus fines analystes de la formation des élites dans la Russie indépendante.
La campagne pour la présidentielle de 2012 a-t-elle commencé ?
La campagne est permanente. Elle a commencé dès que Vladimir Poutine a quitté le Kremlin. Car il fait tout pour conserver sa popularité. Avec son parti Russie unie, il voyage partout dans le pays. Son équipe reste soudée car l’élite comprend que Poutine va reprendre le pouvoir en 2012. Ce n’est pas lié à la personnalité de Dmitri Medvedev, c’est le phénomène du canard boiteux. Dans les provinces, le portrait de Poutine est resté accroché dans les bureaux des gouverneurs et toutes les salles de réunion. C’est au nom de Poutine qu’on porte les toasts. S’il y avait eu quelques hésitations juste après l’élection de Medvedev, elles sont finies maintenant. Medvedev sait que s’il entre en conflit avec Poutine sa carrière est terminée. Dans trois ans, il aura un bon poste.
Que pense l’opinion ?
L’intelligentsia et les entrepreneurs, surtout les jeunes, choisiraient Medvedev. Mais en Russie les gens ne soutiennent pas les politiciens pour leur efficacité, ils les soutiennent pour leur puissance. Or, c’est Poutine qui donne un sentiment de force, pas Medvedev. Si Poutine avait changé la Constitution pour faire un troisième mandat, il aurait perdu sa légitimité. Si aujourd’hui, il disait que le numéro 1 c’est lui et pas Medvedev, il perdrait de son prestige. Poutine veut revenir pour douze ans. Mais pour cela, il lui faut con