Que faudra-t-il encore ? Que faudra-t-il maintenant à Nicolas Sarkozy, à Angela Merkel et à tant d'autres Européens pour ne plus s'opposer à l'éventualité d'une adhésion de la Turquie à l'Union ? L'un de leurs arguments forts était qu'on ne pouvait pas y admettre un pays qui persistait à ne pas reconnaître que l'Empire ottoman, dont il est l'héritier, avait bel et bien commis contre sa population arménienne le premier des trois génocides du XXe siècle. L'Europe, disaient-ils, ne peut pas prêter la main à un tel négationnisme. Elle ne le peut ni vis-à-vis d'elle-même ni vis-à-vis des Arméniens, ajoutaient-ils à juste titre, mais le fait est que l'Arménie vient de normaliser ses relations avec la Turquie.
Elle l’a fait bien que les Turcs n’aient pas encore prononcé le mot de génocide mais seulement accepté, samedi, la création d’une Commission internationale d’historiens chargée de débattre de l’ampleur et des circonstances de ces massacres dont l’horreur hante, depuis 1915, tous les Arméniens du monde. Contesté à Erevan et, surtout, dans la diaspora arménienne, ce pas a été difficile à franchir pour l’Arménie qui avait toutes les raisons de considérer que la réalité de cette abomination était plus qu’établie. Elle s’y est pourtant résolue parce qu’elle a su voir qu’il y avait de vraies raisons à la si grande difficulté que la Turquie éprouve à l’admettre. A le faire, les Turcs s’obligeraient à revisiter la complexité de leur histoire, chose qu’aucune nation ne fait