Les plus fins politiques espéraient le match nul. «Comme ça, tout le monde sauve l'honneur», expliquait un supporteur de l'équipe nationale, favorable à la réconciliation turco-arménienne et d'autant plus serein que la rencontre d'hier était sans enjeu sportif : les deux équipes ont déjà été éliminées des qualifications pour la Coupe du monde 2010. L'hymne arménien a été pourtant copieusement sifflé dès le début du match. L'enjeu diplomatique était plus important que jamais, quatre jours après la signature à Zurich des accords normalisant les relations entre Ankara et Erevan.
«Abdication». Avant la rencontre, des supporteurs entonnaient les Noces de la mariée blonde, ballade caucasienne d'origine arménienne chantée aussi bien en Turquie qu'en Azerbaïdjan qui met tout le monde d'accord, malgré les blessures de l'histoire ou les contentieux territoriaux comme l'occupation d'un cinquième du territoire d'Azerbaïdjan par les forces arméniennes. Sujet d'autant plus sensible que pour beaucoup de Turcs, la Turquie et l'Azerbaïdjan turcophone sont «une même nation en deux Etats». L'opposition kémaliste a dénoncé la réconciliation comme«une abdication devant les pressions extérieures». A Bursa, où se tenait le match, un syndicat de fonctionnaires nationaliste avait annoncé vouloir distribuer des drapeaux azéris à brandir dans le grand stade Atatürk. Une initiative interdite par le préfet : «Nous ne sommes pas contre les drapeaux,