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Interview

«Le processus de normalisation reste semé d’embûches»

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Gaïdz Minassian, chercheur à Paris-X, décrypte les réactions après l’accord signé samedi par Ankara et Erevan:
publié le 15 octobre 2009 à 0h00

Spécialiste du Caucase, Gaïdz Minassian, chercheur au Groupe d’analyse politique de Paris-X, explique les enjeux de la normalisation turco-arménienne.

Comment est perçue, côté arménien, cette première visite présidentielle en Turquie ?

Elle est dans la logique de l’accord entre les deux pays signé samedi à Zurich, qui est mal vécu par une partie importante de l’opinion. Pour les Arméniens vivant en Arménie cette normalisation incarne avant tout l’espoir de sortir d’un enclavement économique. La route par la Géorgie est toujours plus aléatoire depuis le conflit russo-géorgien de l’été 2008 et la route par l’Iran devient incertaine alors que ce pays est dans le collimateur de la communauté internationale. La réouverture de la frontière avec la Turquie, fermée depuis 1993, est d’autant plus importante que ce pays est déjà partie intégrante de l’espace économique européen et pourrait à terme adhérer à l’Union. Le rapprochement turco-arménien témoigne aussi d’un réchauffement des relations turco-russes avec la bénédiction de Washington et de Moscou. Mais ces éléments géopolitiques ne suffisent pas à convaincre les Arméniens. Le président Serge Sarkissian avait été mal élu en février 2008 à l’issue d’un scrutin contesté par l’opposition qui dénonçait d’importantes fraudes. Beaucoup contestent aussi la méthode suivie et une diplomatie secrète qui a mis les gens devant le fait accompli.

La diaspora est encore plus hostile… Pourquoi ?

Elle est née du génocide. Chacun est directement touché de par son histoire familiale. L’absence de préparation se fait encore plus sentir. L’approche réaliste dans les relations avec