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Libération

Les causes d’un «massacre quotidien»

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Aujourd’hui, une personne sur six souffre de la faim.
publié le 15 octobre 2009 à 0h00

«Le massacre quotidien de la faim se déroule dans une normalité glacée et dans l'indifférence générale, confie à Libération Jean Ziegler, ex-rapporteur de l'ONU à l'alimentation. Il faut une insurrection des consciences.» 1,02 milliard de personnes a faim. Un homme sur six, rappelle l'ONU dans son rapport publié hier. Du jamais vu dans l'histoire de l'humanité. Pourquoi?

Pourquoi n’arrive-t-on pas à mobiliser ?

La communauté internationale l'avait couché noir sur blanc en 1996. Oui, on pouvait réduire de moitié le nombre de malnutris (840 millions à l'époque) d'ici 2015. Depuis ? Il y a eu les politiques de mise en concurrence des agricultures qui ont mis sur la paille des millions de paysans. Il y a eu«un désinvestissement dans les agricultures familiales qui représentent 70 % des malnutris, dit François Danel, directeur général d'Action contre la faim (ACF). Les institutions financières ont poussé l'agriculture d'exportation». Il y a eu la promesse tenue par - seulement - 5 Etats africains sur 53 de consacrer, dès 2003, 10 % de leur budget à l'agriculture (la moyenne est de 4 %). Il y a eu une aide des pays riches à l'agriculture «en baisse de 50 % par rapport à 1984», note Claire Melaled d'Action Aid. Il y a eu une croissance de la production agricole (2,6 % par an entre 1970 et 2007) annihilé par celle de la population (2,7 % pour la même période). Il y a eu un oubli de l'urgence : la faim, hors famine, ne se mé