Le drapeau chinois flotte en pays taliban. Il paraît minuscule sur un vaste et haut territoire incontrôlé, fournaise l’été, manteau glacé l’hiver, abandonné à la vacance ingouvernée des vents. Minuscule aussi face aux enjeux : car, ici, dans cette province du Logar, largement sous l’emprise des «étudiants en religion», bandes de loups qui ricochent de village en village ou cultivateurs en embuscade, tous insaisissables, c’est une ville chinoise qui se construit : une cinquantaine de bâtiments à un étage sont déjà sortis de terre. Au regard de la steppe, cette future ville semble dérisoire, insignifiante. Pourtant, deux vastes enceintes la protègent. Et, au-delà, pas une crête, pas une colline, une butte ou un mamelon qui ne soit couronné par une position de la police afghane. Soit une, deux ou trois tentes, sommairement retranchées, parfois en équilibre précaire sur une bosse, que les talibans assaillent, de temps à autre, à coups d’obus de mortiers. Désormais, quelque 1 500 policiers afghans défendent la mine de cuivre chinoise de Mes Ainak.
C'est à Mes Ainak que se construit l'avenir de l'Afghanistan avec des projets industriels grandioses - du moins si les Chinois n'ont pas triché pour rafler la mise et si l'insurrection en cours leur permet de voir le jour. Et c'est là encore que le passé du pays, non moins grandiose, va, une fois de plus, être anéanti. Car, cette mine de cuivre, dont on distingue à l'œil nu les filons sur les éperons rocheux existait bien avant l'Afghani