Pas facile d'être un émigré en Russie, noir de surcroît. Mais «l'obamania» a soufflé jusque sur les rives de la Volga, et Joaquim Crima, un Bissau-Guinéen, a brigué le poste de chef du district de Sredniaïa Akhtouba, près de Volgograd (sud-ouest). Arrivé dans le pays il y a vingt ans et marié à une Russe, Crima cultive des pastèques et se fait appeler «Vassili Ivanovitch». Il aime sa patrie d'adoption et clame son admiration pour Vladimir Poutine. Mais malgré l'engouement de la presse pour cet «Obama de Volgograd» sans étiquette, il n'a pas remporté les élections locales du 11 octobre. Cela reste pourtant une victoire. Celle d'avoir pu se présenter et d'avoir réuni près de 5% des voix.
Crima a inlassablement répété sa satisfaction de voir le candidat de Russie unie, le parti de Poutine, remporter le scrutin : «Les électeurs choisissent un programme plus qu'un homme, et leur choix est toujours digne de respect.» Il refuse de commenter ses relations avec ce même parti, dont il est membre et qui avait tenté d'empêcher sa candidature à quelques semaines des élections. Le jeune «Afro-Russe» désamorce la méfiance de son entourage par l'autodérision : «Il faut goudronner les routes, les gens me discernent mal sur un fond boueux.» Ni son succès ni sa défaite ne seraient liés au rapport compliqué que les Russes entretiennent à l'étranger en général, aux Noirs en particulier, alors que les agressions à caractère raciste se multiplient. «J'ai auta