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Libération
Interview

«L’armée ne peut pas échouer sinon elle va perdre tout soutien populaire»

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Rahimullah Yusufzai, directeur de la rédaction du quotidien pakistanais «The News» :
publié le 20 octobre 2009 à 0h00

Rahimullah Yusufzai, directeur de la rédaction du quotidien pakistanais The News, couvre le Pakistan et l'Afghanistan depuis près de trente ans. Il fut le premier journaliste à interviewer Oussama ben Laden.

Plusieurs opérations ont déjà été menées contre les talibans pakistanais au Waziristan ces dernières années, mais sans résultats. Qu’en est-il cette fois-ci ?

Il y a déjà eu trois opérations contre le groupe du chef taliban pakistanais Beitullah Mehsud [tué par un missile américain en août, ndlr] dans cette zone. Sans succès… Cette fois-ci, l'armée est mieux préparée, et il y a eu un gros travail politique : les militaires sont soutenus par presque tous les partis politiques, par les médias, par la majorité de l'opinion publique. Les talibans ont perdu tout soutien populaire en raison des attaques et des attentats perpétrés dernièrement dans les villes [lire page précédente], qui ont tué de nombreux civils. Néanmoins, il n'y a pas de garantie de succès car ces talibans sont coriaces. Ils vont harceler l'armée, miner le terrain, mener des embuscades. Ils enverront encore des kamikazes dans les villes. Et les talibans des autres zones tribales vont sûrement attaquer les forces de sécurité pour faire diversion.

L’armée est vraiment déterminée à l’emporter cette fois-ci ?

L’armée n’a pas le choix, elle doit combattre, elle doit regagner le terrain et reprendre l’initiative. Elle clame qu’elle a remporté un succès dans la vallée de Swat. Et tout le monde s’attend à ce qu’elle réussisse aussi au Waziristan. L’armée ne peut se permettre d’échouer sinon elle va perdre tout soutien populaire.

Les Etats-Unis soutiennent-ils cette opération ?

Oui. Ils ont même envoyé des armes d’Irak à l’armée pakistanaise pour l