Faut-il boycotter le parti des Démocrates suédois (Sverigedemokraterna) et permettre à la formation d'extrême droite de jouer les martyrs ? Ou débattre avec elle et risquer de promouvoir ses idées ? Jusqu'à présent, la Suède a pu se targuer d'être le seul pays scandinave à avoir maintenu l'extrême droite en dehors de son Assemblée. Mais à moins d'un an des élections législatives, les Démocrates suédois grimpent dans les sondages. Avec 4,7% des intentions de vote, ils peuvent espérer décrocher un rôle d'arbitre au Riksdagen (l'unique chambre du Parlement). D'où l'inquiétude des partis traditionnels, qui s'interrogent sur la stratégie à adopter.
Emoi. La récente publication, dans le tabloïd Aftonbladet, d'une tribune signée du chef de file de la formation, a précipité le débat. Après avoir passé plusieurs années à tenter de donner un air de respectabilité à son parti, Jimmie Åkesson s'en est pris violemment aux musulmans, qu'il décrit comme «la plus grande menace étrangère que la Suède ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale». La politologue Marie Demker y voit «une façon de rassurer le noyau dur de ses militants».
Mais en Suède, c'est l'émoi. Le Centre contre le racisme a porté plainte contre Aftonbladet pour incitation à la haine raciale. Son rédacteur en chef, Jan Helin, a répliqué qu'il était le seul à s'être engagé à n'accorder aucun espace publicitaire à ce parti. Alors pourquoi la tribune ? «A