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Libération

A Ciudad Juárez, les meurtres de femmes n’émeuvent pas la justice

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publié le 22 octobre 2009 à 0h00

Les mères des femmes assassinées font les cent pas devant la délégation du ministère de la Justice à Ciudad Juárez. Elles ont peint des croix roses, symboles de leur lutte, sur les grilles du bâtiment. Depuis quinze ans, elles se révoltent contre l’impunité des crimes sauvages dont sont victimes les femmes dans cette localité d’1,3 million d’habitants, située dans l’Etat de Chihuahua, à la frontière avec les Etats-Unis. Les «mères de Juárez» manifestent de manière rituelle contre l’indifférence des autorités face au sort de leurs enfants disparus.

Les corps de jeunes filles pauvres, violées, mutilées, étranglées ou poignardées sont régulièrement retrouvés sur des terrains vagues aux abords de la ville. Les chiffres officiels font état de 504 femmes assassinées et 76 disparues depuis 1993, quand le phénomène des «féminicides» a été identifié. A l’heure actuelle, plus de 70 % de ces crimes restent impunis. Et la tragédie empire, avec 89 nouveaux cas depuis début 2009.

Ces jours-ci, les mères de Juárez manifestent pour une raison particulière : Arturo Chávez Chávez, l'ex-procureur de l'Etat de Chihuahua, a été désigné par le président conservateur Felipe Calderón comme le nouveau procureur général de la République. Cet homme a dirigé les enquêtes sur les meurtres de femmes à Ciudad Juárez pendant les années 90. S'appuyant sur sa canne, Ramona Morales se souvient : «Le procureur n'a pas voulu me recevoir après le meurtre de ma fille de 16 ans. Ses collaborateurs m'ont dit que