Les silhouettes voilées se pressent à l'entrée de la salle aux tapis verts, plantée de piliers ouvragés. Dehors, la cour de la millénaire mosquée-université d'Al-Azhar, au Caire, semble irradiée par le soleil écrasant. Derrière une grande table, un voile noir et argent encadrant son visage souriant, Ghada Abdel Metaal s'adresse à un groupe de femmes attentives. Des mères de famille aux enfants éparpillés sur leurs jupes, de jeunes étudiantes, des employées aux mains fatiguées et aux rides profondes. D'ordinaire, en préambule à la grande prière hebdomadaire, la prédicatrice disserte de morale. Ce vendredi, elle parle du niqab, ce voile noir qui couvre le visage des femmes, ne laissant apparaître que les yeux, et qui descend sur le buste. «Interdire le niqab n'est pas la meilleure solution. Le porter est un choix individuel», dit-elle. L'auditoire acquiesce. «Mais il faut comprendre la décision du cheikh, le niqab pose un vrai problème de sécurité…»
Journaux, radios, talk-shows, cafés ou cercles familiaux… Le débat sur le voile intégral enflamme l’Egypte depuis la décision prise le 6 octobre par Mohammed Tantaoui, le cheikh d’Al-Azhar, la plus haute référence de l’islam sunnite. Lors de l’inspection d’un collège dépendant de son institution, le cheikh - dont la nomination relève du Président - a interpellé une adolescente au visage masqué d’un niqab. Ce n’est pas de la religion, mais une simple tradition, a-t-il tonné, l’obligeant à le retirer. Dans la foulée,