Les immeubles restaurés ont pris des couleurs chatoyantes. L'église et la mosquée, neuves toutes deux, se font face comme naguère. Et il ne reste pratiquement aucun vestige de la guerre. «Mais c'est un masque», dit Almir Salihovic, le jeune président de l'association des étudiants de Srebrenica, «les cicatrices sont toujours là». Les siennes datent de juillet 1995, quand la ville tomba aux mains des troupes serbes dont Radovan Karadzic, qu'on juge aujourd'hui à La Haye, était le commandant suprême en tant que président des Serbes de Bosnie.«Les mères qui ont perdu deux ou trois fils espèrent qu'il ne mourra pas en paix. Moi, je ne m'attends à aucune révélation», explique ce survivant. En juillet 1995, le jeune garçon, alors âgé de dix ans, marcha douze jours dans la montagne jusqu'au territoire contrôlé par l'armée bosniaque au sein d'une colonne de 15 000 hommes dont moins de la moitié réussit à franchir les barrages serbes. Capturés, les retardataires furent impitoyablement exécutés.
Livres d'histoire. Ce garçon privé d'enfance est revenu vivre avec ses parents dans leur village de Suceska. Il se partage entre Tuzla, où il achève des études d'histoire, et Srebrenica, où il a commencé des études de droit. Et fréquente assidûment les clubs qui cherchent à promouvoir le dialogue entre les communautés serbes orthodoxes et musulmanes bosniaques qui ont recommencé à vivre côte à côte dans la région.
«Les jeunes et les vieux