«C'est du jamais-vu au Gabon», répète un universitaire. Depuis quelques jours, de très nombreux cadres de la fonction publique de ce petit pays pétrolier d'1,5 million d'habitants sont priés de laisser leur place à d'autres ou voient leur poste supprimé. Le «tsunami», la «révolution», le «grand chambardement», selon les termes de la presse gabonaise, a commencé le 17 octobre avec la formation du gouvernement, au lendemain de l'investiture d'Ali Bongo comme président : alors que la précédente équipe se composait de 44 ministres, la nouvelle n'en compte plus que 30, dont 18 nouvelles têtes.
Le coup de balai du fils aîné d'Omar Bongo, décédé en juin après quarante et un ans au pouvoir, a depuis gagné la présidence, les entreprises publiques et toutes les administrations. Au palais présidentiel, la coupe a été particulièrement sévère : les postes de plusieurs centaines de «conseillers»,«hauts représentants» ou autres «coordonnateurs généraux», qui gravitaient autour de Bongo père, ont été rayés des listes. But annoncé : réduire les «charges de l'Etat» et affecter les deniers publics «en priorité aux dépenses d'intérêt national».
Halte aussi aux détournements de fonds publics et à la corruption qui gangrènent le pays avec des ministres désormais sous contrôle. Pour «mettre un terme aux promotions parfois guidées par le repli identitaire, le clanisme et le clientélisme politique, source d'inertie et