Exprès ou pas, les ouvriers chargés de préparer la salle du dernier meeting d'Abdullah Abdullah ont oublié de décrocher un portrait de Hamid Karzaï. C'est donc sous un poster de son concurrent que l'ancien proche du commandant Massoud a annoncé qu'il ne participerait pas au second tour de la présidentielle, prévu samedi. «La décision n'a pas été facile à prendre. […] Mais une élection transparente n'est pas possible», a-t-il déclaré. Plus de deux mois après le premier tour, Hamid Karzaï a gagné. Il est sûr d'être réélu. Le président sortant ne peut toutefois pas proclamer sa victoire. Peu claire, la Constitution afghane laisse supposer que le second tour doit se tenir, même en cas de retrait d'un candidat. «Nous l'organiserons comme prévu. La date limite pour se retirer est dépassée», a confirmé Daoud Ali Najafi, de la commission électorale indépendante. Une issue absurde dénoncée par Aleem Siddique, porte-parole des Nations unies en Afghanistan : «Je vois mal comment on peut avoir un second tour avec un seul candidat.»
En privé, les diplomates imaginent d'autres scénarios. «Ramazan Bashardost [qui a fini en troisième position au premier tour] peut très bien aller devant la justice et demander à affronter Karzaï», soupire l'un d'eux. Quoi qu'il en soit, l'administration Obama devra composer avec un président afghan mal réélu, à la légitimité entachée par les fraudes massives du premier tour et le forfait de son concurrent. D'autant