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Libération

La chute du Mur avait commencé en 1956

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publié le 4 novembre 2009 à 0h00

Conversation, en septembre 1977, avec Mieczyslaw Rakowski, membre du Comité central polonais et directeur de Polityka, l'hebdomadaire des réformateurs du Parti communiste. «La Pologne, dit-il en m'autorisant à le citer, a besoin d'hommes politiques. La très grande majorité des dirigeants est pleinement consciente de la nécessité de démocratiser mais…» On est à trois ans de Solidarité, huit de la Perestroïka et douze de la chute du Mur, mais l'idée de «démocratisation» flotte déjà dans l'air à Varsovie, aussi bien maniée par les dissidents que par les évêques et les officiels.

Personne ne pense, évidemment, à un écroulement du communisme, à cette reddition pacifique à laquelle il finira par consentir, mais le pouvoir vient tout juste d’amnistier les militants du Comité de défense des ouvriers, le KOR, organisateur d’une campagne en faveur de la libération des émeutiers de Radom et Ursus, descendus dans la rue après une augmentation des prix alimentaires.

En 1977, il y a déjà un rapport de forces et une vie politiques en Pologne car, en négociant avec ce mouvement qui jouera, trois ans plus tard, un rôle décisif dans l’affirmation du premier syndicat indépendant du bloc soviétique, le parti polonais vient de reconnaître, de facto, l’existence d’une opposition. Une mutation s’est amorcée. Chacun sent que cela pourrait déboucher, un jour, sur un changement de nature du système. C’est le grand sujet de discussion, non seulement à Varsovie mais également à Budapest