L'an 1984. Une terrible famine frappe l'Ethiopie. La BBC parle d'une catastrophe aux «proportions bibliques». Dans un grand élan de charité, catalysé par Bob Geldof et Midge Ure, les chanteurs se mobilisent. Vingt-cinq ans plus tard, qui a oublié l'air de We are the World coécrit par feu Michael Jackson ? Ou sa version française : «Loin du cœur et loin des yeux, l'Ethiopie meurt peu à peu» ? Vingt-cinq ans plus tard, Midge Ure est revenu en Ethiopie. Mais peut-on imaginer un anniversaire de la famine sans que la principale intéressée soit au rendez-vous ?
«Malsain». Cela n'a pas manqué : les médias, surtout britanniques, ont crié à la famine sur le mode «rien de nouveau sous le soleil» éthiopien… Skynews a mis en ligne, le 23 octobre, un article aux accents de Cassandre, se terminant par cet avertissement de Midge Ure : «Je n'ai pas vu les enfants aux visages émaciés ni les images hideuses de 1984. Mais ils arrivent.»
En fait de famine, l'Ethiopie traverse, comme chaque année, une pénurie alimentaire ; mais on est loin de la catastrophe de 1984.«Nous avons déjà passé le pic [de pénurie] car les récoltes vont avoir lieu», souligneun responsable d'ONG. Réagissant aux annonces catastrophistes sur la répétition de 1984, un autre assure que «la situation est certes difficile, mais pas si terrible que ça.»
En 1984, une guerre civile opposait le dictateur marxiste Mengistu, soutenu à bout de bras par Mosco