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Libération
Reportage

Le Kamtchatka sombre avec l’URSS

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Aux avant-postes du face-à-face nucléaire, cette terre sauvage et secrète a perdu une de ses raisons d’être avec la chute du Mur.
Des baigneurs dans le port de Petropavlovsk, en 2006. (REUTERS)
publié le 9 novembre 2009 à 0h00

En ce mois d'août 1990, le vent de liberté qui souffle depuis un an sur les républiques baltes et commence à secouer l'URSS jusque dans ses fondements ne fait qu'effleurer la péninsule du Kamtchatka, située à l'extrémité du continent eurasien. C'est la frontière la plus fermée de l'Union soviétique. Elle fait directement face au grand ennemi américain : les étrangers n'y sont pas autorisés et les Soviétiques ne peuvent s'y rendre que sur invitation. Mais la petite brise qui vient du continent suffit à porter un petit voilier de 13 mètres et ses sept marins soviétiques de l'autre côté du détroit de Béring, au terme de douze jours de voyage sans autre instrument de bord qu'une boussole et une radio rudimentaire. Lorsque l'Avatcha débarque en Alaska, les habitants du port de Nome n'en croient pas leurs yeux : ces marins - les premiers Soviétiques qu'ils aient jamais vus - viennent de Petropavlovsk-Kamtchatski, la grande base de sous-marins soviétiques, surnommée le «nid de guêpes» par le Pentagone.

Près de vingt ans plus tard, Anatoli Ivantsov, l'un des équipiers de l'Avatcha, est toujours électricien-chef à Petropavlovsk-Kamtchatski. Il continue à faire de la voile à ses heures perdues. Il a parcouru avec ses amis tout le Pacifique-Nord par goût de l'aventure. «On voulait juste savoir ce qui se passait de l'autre côté», dit-il aujourd'hui. Le rideau de fer n'a pas été trop dur à briser. Grâce à ses liens personnels, le capitaine de l'Avatcha