Prenant la défense de sa ville monstrueusement endettée, le maire SPD de Berlin, Klaus Wowereit, a dit d'elle en 2006 qu'elle était «pauvre mais sexy». La formule a fait fureur : la gauche berlinoise en a fait - avec succès - un slogan de campagne. Et les tour-opérateurs s'en sont emparés pour vendre une destination qui attire huit millions visiteurs par an, trois fois plus qu'au début des années 90.
Tous les Allemands ne partagent pas cet enthousiasme. Beaucoup s'interrogent : ce qui rend Berlin si sexy, ne serait-ce pas précisément cette relative pauvreté dans laquelle, contre toute attente, elle s'est enfoncée ces vingt dernières années ? Dans l'euphorie de la célébration de la chute du Mur, des voix dénoncent les ravages du modèle berlinois. «En vingt ans, Berlin a changé près de la moitié de sa population. Les classes moyennes sont de moins en moins représentées. Les ménages s'en vont, laissant face à face des riches de plus en plus riches et des classes défavorisées toujours plus nombreuses», s'inquiète Heinz Buschkowsky, maire social-démocrate de Neukölln, l'un des arrondissements les plus populaires, à l'ouest de la capitale.
Légendaire. Personne n'avait prévu une telle évolution. Au début des années 90, les responsables politiques et les économistes partageaient le même optimisme. Quasi mécaniquement, la capitale allait retrouver son rang parmi les plus grandes de la planète. Elle allait nécessairement renouer avec le légendaire dyna