Quinze ans après la catastrophe de l'Estonia, Mikael Öun cherche toujours à comprendre ce qui a bien pu se passer dans la nuit du 27 au 28 septembre 1994 au milieu de la Baltique. L'ouverture, aujourd'hui à Nanterre, du procès intenté par les familles des victimes va peut-être enfin l'éclairer sur ce naufrage, le plus meurtrier qu'ait connu l'Europe depuis le Titanic.
L'ingénieur suédois venait de passer trois jours en Estonie. Il avait embarqué à bord de ce ferry à Tallinn, en fin d'après-midi, le 27 septembre, direction Stockholm. Au milieu de la nuit, il se réveille en sursaut. «J'ai entendu un bruit épouvantable, puis deux coups. J'ai compris que quelque chose n'allait pas. Le bateau n'avançait plus comme avant. Et brusquement, il s'est mis à pencher sur le côté. Les meubles sont venus s'écraser contre la porte.»
La suite est allée très vite. Mikael Öun se précipite dans le couloir puis vers l'escalier qui mène au pont supérieur. «Je me suis dit qu'il fallait que je sorte.» Il parvient finalement à se hisser dehors. Le bateau est alors sur le point de se renverser. Il trouve un gilet de sauvetage, grimpe jusqu'à la balustrade, l'escalade et passe sur le flanc du ferry, désormais couché sur le côté. A une quinzaine de mètres en contrebas, il remarque des radeaux de sauvetage. Il saute. «Ce fut la décision la plus rapide de ma vie.» Onze autres personnes parviendront à grimper sur le radeau où il trouve r