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Libération
Enquête

El Triunfo, barrage contre le transgénique

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Au Paraguay, une colonie de paysans résiste à la culture intensive voulue par des multinationales étrangères. Soutenu par l’Etat, leur leader Tomás Zayas Roa est menacé de mort.
publié le 14 novembre 2009 à 0h00

«Vous connaissez la dernière ? C'en est presque comique. Un sénateur m'a désigné comme l'ennemi public numéro 1. Selon lui, je serais à la tête d'un régiment de 100 hommes armés, financés par Hugo Chávez, dont la mission serait de donner l'assaut du Parlement national. Ha ! Ha ! J'ai déposé une plainte, l'affaire est en cours.» Il rit sans retenue. Ses petits yeux brillent intensément. Tomás Zayas Roa aime la bataille, ou plutôt, pour ce trotskiste déclaré, la «lutte». Une lutte à mort entre les petits paysans paraguayens, dont il est le héraut, et les sojeros, les producteurs de soja, la plupart d'origine brésilienne. La paysannerie aux cultures traditionnelles face à des fermiers tout-puissants dont les semences transgéniques inondent la Chine et l'Europe. Tomás Zayas, la cinquantaine trapue, s'est donné du mal pour ressembler à son idole Leon Trotski, dont il possède une bonne partie des ouvrages dans sa poussiéreuse bibliothèque. Un fin collier de barbe, de petites lunettes rondes, un air d'instituteur obstiné. Son physique mis à part, il s'apparenterait plutôt à un José Bové paraguayen. Comme son alter ego français, Tomás Zayas est en guerre. Contre les cultures OGM, contre l'industrialisation des campagnes, contre la mainmise d'une minorité d'agriculteurs hypermécanisés qui boursicotent sur les places financières. Zayas-Bové, des frères jumeaux. Sauf que le leader paysan sud-américain risque sa peau tous les jours. «J'ai des contacts haut placés,<