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Libération
TRIBUNE

L’Amérique en Gulliver empêtré

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publié le 18 novembre 2009 à 0h00

C’est un nouveau moment, si radicalement neuf qu’on n’en mesure pas encore les conséquences. Vingt ans après la chute du Mur, deux décennies après qu’ils furent devenus l’unique superpuissance mondiale, les Etats-Unis sont partout en échec. A la pointe de l’innovation technologique, riches comme aucun autre pays ne l’est, dotés de forces armées face auxquelles la Chine, l’Europe et la Russie font figure de principautés d’opérette, ils ne parviennent pourtant plus à imposer leur volonté à qui que ce soit et leur désarroi de Gulliver empêtré paraît total.

Cette impuissance de l’hyperpuissance est d’autant plus frappante qu’on ne peut plus l’imputer aux errements d’un Président. Barack Obama a fait autant aimer l’Amérique que George Bush l’avait fait détester. Son élection, sa bonne volonté, l’extraordinaire justesse de ses grands discours ont fait revivre l’american dream et tout ce qu’il y a de meilleur dans ce pays. Barack Obama avait eu raison de tendre la main à l’Iran, d’exiger d’Israël l’arrêt de la colonisation et de refuser d’abandonner l’Afghanistan à la fureur obscurantiste des talibans.

Ce Président aurait difficilement pu montrer plus de lucidité mais, pour ce qui est des résultats, rien, nulle part. La droite israélienne est restée sourde aux injonctions de la Maison Blanche. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, en est si profondément déstabilisé qu’il ne croit plus à la négociation d’une solution à deux Etats et repense à une proclamation d’indépendance unilaté