Sauf surprise de taille, l'Union ne se réveillera pas vendredi matin avec un «George Washington» à sa tête comme l'espérait Valéry Giscard d'Estaing, l'ancien président de la Convention qui a rédigé le traité constitutionnel européen, mais avec un René Coty, le dernier président de la IVe République française. Ou pire encore. Car toutes les personnalités fortes sont éliminées à coup de veto croisés. Autant dire que les Vingt-Sept qui vont pour la première fois donner un visage à l'Union, en élisant le président du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement, risquent de passer à côté de l'Histoire. Et les tractations qu'ils mènent dans le plus parfait secret donnent la pire image qui soit, celle des petits arrangements entre amis qui débouchent souvent sur des compromis médiocres. Une image avec laquelle le traité de Lisbonne cherche justement à rompre.
«Numéro de téléphone». Pourtant, l'élection du président du Conseil est fondamentale puisque son premier titulaire définira les contours du poste. L'idée est de donner un «numéro de téléphone» à l'Europe dont l'absence était ironiquement soulignée par l'ancien secrétaire d'Etat américain, Henry Kissinger (1973-1977) pour démontrer l'absence d'existence politique de l'Union.
Désormais, au lieu d’une présidence tournante de l’Union qui change tous les six mois, les dirigeants du monde ont l’assurance de pouvoir s’adresser à la même personne durant deux ans et demi ou cinq ans