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Libération

Implantation ou colonie, le test Obama en Israël

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Moyen-Orient . Les constructions navrent Washington.
par Frédéric Worms et Paul Audi, Philosophe. «Jubilations», Christian Bourgois, 2009
publié le 19 novembre 2009 à 0h00

«Consternation» : tel est le mot que la Maison Blanche a employé à l'annonce de la construction de 900 maisons supplémentaires à Gilo, près de Jérusalem. Ce mot, bien peu diplomatique, exprime toute la nouveauté de l'enjeu.

Connotation. Il s'agit d'abord de la crédibilité de l'administration américaine. Barack Obama avait en effet posé l'arrêt de toute implantation dans les territoires occupés comme une condition à la reprise des négociations. Hillary Clinton avait paru reculer face à l'intransigeance de Benyamin Nétanyahou, pour qui ces nouvelles constructions sont une mesure «technique».

«Settlement or Peace» est pourtant devenu le mot d'ordre par lequel les négociateurs palestiniens traduisent cette exigence. Ce raccourci témoigne d'un déplacement fondamental des données du conflit. En centrant le problème sur les settlements, Obama impose surtout un test politique à tous les acteurs du conflit. Tous les enjeux, qu'ils soient juridiques, politiques ou même symboliques, se concentrent sur ce point. Demander aux acteurs de se placer sur ce nouveau terrain implique une légitimation mutuelle. Ce n'est pas seulement un deal politique.

Un autre aspect le montre. Settlement est en effet souvent traduit par le terme de «colonie». Au problème légal de «l'implantation» par un Etat dans des territoires qui ne sont pas les siens, s'ajoute ainsi une dimension coloniale qui fausse les perspectives. Parler en termes de «colonies