Ministre des Affaires européennes de 1997 à 2002 et en charge des relations internationales au Parti socialiste, Pierre Moscovici regrette les choix des Vingt-Sept de nommer le Belge Herman Van Rompuy président du Conseil européen et la Britannique Catherine Ashton ministre des Affaires étrangères.
Est-ce un échec pour l’Union européenne ?
Il est trop tôt pour parler d’échec. Même si c’est une bonne chose d’avoir un président stable et une femme à un poste clé, les chefs d’Etat ont fait le choix de profils plutôt bas pour une première expérience. C’est un démarrage en demi-teinte pour le traité de Lisbonne.
Pourquoi ?
Le nouveau président aurait pu avoir un profil haut de gamme. Le seul candidat de ce type était Tony Blair. Mais il aurait fait de l’ombre à Nicolas Sarkozy ou Angela Merkel.
Et c’est pour cette raison que le couple franco-allemand a proposé Van Rompuy…
Ne faisons pas de procès d'intention à M. Van Rompuy. Lors de sa nomination comme président de la Commission européenne [en 1985, ndlr], Jacques Delors ne laissait pas présager qu'il allait être quelqu'un d'aussi important. Herman Van Rompuy est quelqu'un de modeste, d'intelligent mais de très conservateur. Il sera plus un président chairman qu'un président haut de gamme.
Et pour Catherine Ashton ?
On s’est moqué du monde… On a choisi quelqu’un qui n’a jamais été élu et qui n’a aucune compétence diplomatique.
Elle peut certes se révéler, mais s’il fallait un Britannique, David Miliband aurait été très bien. L’Italien Massimo D’Alema avait aussi un profil plus adapté.
La diplomatie européenne confiée à une Britannique, c’est se rapprocher des Etats-Unis ?
Les Britanniques ont tendance à faire des choix plus atlantistes. J’imagine mal Mme Ashton