Le tribunal chargé de juger les crimes des Khmers rouges reprend aujourd’hui le procès de «Douch», le chef de la prison de Tuol Sleng. Après soixante-douze jours d’audience marqués de nombreux incidents, d’accusations de corruption et des pressions du pouvoir cambodgien, le procès arrive à un moment crucial avec le réquisitoire du procureur et les plaidoiries qui devraient s’achever vendredi. Le verdict est prévu pour début 2010. Avocat inscrit au barreau des Tribunaux internationaux, François Roux a été commis d’office pour défendre l’accusé. Cet apôtre de la désobéissance civile, qui fut l’avocat des faucheurs volontaires d’OGM, explique les enjeux du verdict.
Dans quel état d’esprit l’accusé Douch arrive-t-il aux plaidoiries qui commencent aujourd’hui ?
Les experts psychiatres ont revu dernièrement Douch. Ils disent que c'est un homme en chemin, qui pendant des années a fonctionné sur le clivage des négations : je peux être père de famille et dans le même temps diriger un camp dans lequel on tue des enfants. Et n'oublions pas la puissance de l'endoctrinement du Parti communiste du Kampuchea [PCK, ndlr] : toute personne perdait son identité, était déshumanisée. Il sort de là, cela prend du temps. Il veut réparer, et il est dans une phase d'auto-accusation. Il faut faire attention. Dès qu'il va être en mesure de regarder ce qu'il a fait, qu'il va cesser de nier les dernières petites choses, cela peut devenir dangereux. Face à cela, certains se suicident, selon les experts.
Pourquoi évoquer un possible suicide de Douch ?
Quel est l’intérêt de la société ? Maintenant qu’il a quasiment tout dit, on attend qu