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Libération
grand angle

Au zoo, logique de guerre

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A Gaza, les animaux aussi ont la vie dure. Le zoo peine à se remettre de la dernière offensive israélienne et dans une ménagerie désertée, des ânes peints font office de zèbres.
Les ânes peints du zoo de Gaza (REUTERS/Mohammed Salem)
publié le 24 novembre 2009 à 0h00

Au bord de la route Salaheddine, qui traverse la bande de Gaza du nord au sud, Marahland est un havre de détente aussi incongru qu'un dromadaire sur la banquise. La façade, tout en galets, promet un parc de loisirs dont les lettres orange de l'enseigne lumineuse clignoteraient joliment dans la nuit si les coupures d'électricité leur en laissaient l'occasion. Marahland est en réalité un restaurant avec un jardin et quelques animaux en cage pour attirer le chaland. Dont deux faux zèbres, devenus célèbres bien au-delà de la bande de Gaza. C'est Mahmoud Barghout et son frère, les fils du propriétaire, qui en ont eu l'idée. «Les enfants nous demandaient toujours : "Mais où est le zèbre ? Pourquoi il n'y a pas de zèbre ?" On s'est dit que ça leur ferait plaisir. Nous avons aussi voulu proposer une nouvelle attraction pour attirer la clientèle.»

L'opération zèbre leur a demandé deux jours de travail. Mahmoud, 20 ans, est très fier du résultat. Pourtant, l'attraction a tourné à la polémique le mois dernier. «Quoi, des ânes peints ?! C'est bien la preuve que ces Gazaouis sont sans cœur», se sont émues sur Internet des âmes plus sensibles à la cause animale qu'à celle des Palestiniens. «Ceux qui racontent qu'on a peint les ânes disent n'importe quoi. Nous ne sommes pas cruels avec les animaux. On a choisi deux ânes blancs et on a appliqué de la teinture. De la teinture française, la meilleure.» D'allure raffinée, presque précieuse, Mahmoud parle français auta