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Libération

Le coup porté à l’Europe politique

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publié le 25 novembre 2009 à 0h00

Une espérance s’est brisée jeudi. Plus d’un demi-siècle après le traité de Rome, l’Europe allait enfin s’incarner sur la scène internationale en se dotant d’un président et d’un ministre des Affaires étrangères. Elle allait s’affirmer, par là, en puissance politique de taille continentale, remplir la promesse essentielle du projet de traité constitutionnel qu’aucun de ses adversaires n’avait contesté sur ces points-là mais cette espérance, les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union l’ont, maintenant, renvoyée aux calendes grecques. Ce n’est pas que les personnalités qu’ils ont nommées soient sans qualités. Comme chef du gouvernement belge, Herman Van Rompuy avait très bien su naviguer entre les écueils d’un pays déchiré. Comme commissaire européenne au Commerce, Catherine Ashton était parvenue à dénouer des dossiers depuis longtemps au point mort.

Ce n’est pas eux qui sont à mettre en accusation. Ce sont les élus nationaux, ces chefs d’Etat et de gouvernement, de droite et de gauche, qui ont ignoré le si profond besoin qu’avait l’Union de personnalités autrement plus fortes, non pas d’inconnus pêchés dans l’ombre des appareils, mais d’hommes ou de femmes qui représentent quelque chose dans l’histoire et la culture européennes, qui soient porteurs de valeurs par leur engagement et leur courage politiques, qui aient suffisamment d’aura personnelle, en un mot, pour que leur nomination ait une signification et qu’une identité européenne s’affirme à travers eux. C’é