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Libération
Reportage

Mazar, fragile havre afghan

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Dans le nord, la province de Balkh résiste aux talibans sans se soumettre au pouvoir central.
publié le 25 novembre 2009 à 0h00

Les corolles rouges d’un flamboyant se penchent sur le sanctuaire de la princesse Rab’e Balkhi. Avant, les mains des jeunes couples effleuraient le tombeau de cette amoureuse tragique qui fut, sous l’islam, la première poète en langue persane avant d’être emmurée vivante à la demande de son frère - elle s’était éprise d’un homme de rang inférieur. Et, avec le sang de ses veines tailladées, elle écrivit à même les murs de sa geôle ses derniers vers que beaucoup d’Afghans connaissent encore par cœur. Mais les jeunes mariés ne viennent plus à Balkh, chef-lieu de district dans la province du même nom, au nord de l’Afghanistan. Une bonne raison : les talibans sont tout près. Ils tiennent position près des antiques remparts de cette cité qui, dit-on, vit naître le prophète Zoroastre, le grand poète Roumi et se marier Alexandre le Grand avec la sublime Roxane.

L'histoire, aujourd'hui, ce sont surtout les «étudiants en religion» ou les groupes rivaux du Hezb-e-Islami (le Parti islamique, qui a rejoint l'insurrection), qui la font. Infiltrés à Balkh, les insurgés, commandés par Mullah al-Haydari, sont à une quinzaine de kilomètres de Mazar-i-Sharif, la capitale de la province de Balkh et grande ville du Nord. Différence avec Kaboul, où les postes de contrôle maillent toute la ville, il n'y en a quasiment aucun hors des grands axes. Si la capitale afghane, dans la crainte des attentats, se mure, se protège de tous côtés, se transforme en une hideuse citadelle de béton armé, rien de