Grande première. Dimanche, la Suisse sera le premier pays européen à se rendre dans les urnes pour répondre à l'une des questions les plus brûlantes du moment : quelle place donner à l'islam au sein des sociétés occidentales ? Alors que la notion de multiculturalisme est de plus en plus souvent remise en cause sur le Vieux Continent, les citoyens de la Confédération doivent se prononcer sur une initiative populaire proposant rien moins que d'inscrire dans la Constitution fédérale l'interdiction de construire des minarets. «Le minaret n'a rien à voir avec la religion. C'est un symbole politique de pouvoir, qui annonce l'introduction de la charia», tempête Ulrich Schluer, l'un des auteurs du texte, qui a rapidement recueilli, il y a dix-huit mois, les 100 000 signatures requises pour convoquer une votation populaire. Schluer fait partie de l'aile droite de l'UDC, la mal nommée Union démocratique du centre, parti de droite dure à tendance xénophobe et première formation politique de Suisse - un quart de l'électorat.
Moutons noirs. Les initiateurs ne s'en cachent pas : la question des minarets (quatre dans le pays à ce jour) n'est qu'un prétexte pour dénoncer l'islamisation rampante qui menacerait la paisible Confédération. Les affiches de la campagne n'y vont pas par quatre chemins. On y voit des minarets sombres dressés, comme autant de dangereux missiles, sur un drapeau suisse. Ils sont accompagnés d'une femme en burqa, noire, invisible. Des affiches