Après le putsch par les armes, le putsch légal. Au Honduras, on se prépare à un drôle de week-end électoral. Le scrutin, prévu de longue date, opposera deux candidats issus du camp putschiste. Deux hommes qui ont cautionné le renversement en juin dernier du président sortant Manuel Zelaya, accusé d'avoir violé la loi fondamentale en préparant le terrain pour une réforme constitutionnelle (via la cuarta urna). «Cette élection va restaurer une apparence démocratique», résume Benoît Hervieu, responsable du programme Amériques à Reporters sans Frontières (RSF).
Si le président «de facto» Roberto Micheletti s'est mis en retrait pour donner un semblant de légitimité au scrutin, personne n'est dupe sur le fond. Les deux candidats en lice sont issus de formations de droite: d'un côté, le favori, Pepe Lobo, du parti national. De l'autre Elvin Santos, du parti libéral. «En prônant la réconciliation, Lobo et Santos reconnaissent implicitement qu'il y a eu coup d'état, un terme que les putschistes avaient toujours pris soin d'éviter», souligne Benoît Hervieu.
Quant à Manuel Zelaya, qui avait multiplié les tentatives de retour au pouvoir ces cinq derniers mois (atterrissage avorté à Tégucigalpa, marche vers la frontière hondurienne...), il est toujours réfugié dans l'ambassade du Brésil. Son avenir politique apparaît désormais bien bouché: «s'il sort, il peut se retrouver au trou. Il sera arrêté et poursuivi pour des affaires de corruption», explique Ben