Plus de 100.000 euros par an net d'impôts: vestige féodal, un pont privé enjambant la Tamise prélève un péage sans payer de taxes. Sa mise aux enchères suscite un vif intérêt, mais aussi la colère d'habitants qui en ont assez de remplir les poches de particuliers.
"Toll" (péage), annonce en lettres grasses un petit panneau blanc apposé sur un cottage de pierres de taille qui garde fièrement l'entrée du "Swinford Bridge". "5 pennies (5,5 centimes d'euros) par voiture, 12 les cars et 10 par essieu pour les camions", peut lire le voyageur.
Cinq pennies, c'est une obole. Mais près de quatre millions de véhicules franchissent le pont chaque année, de quoi rendre frénétique le préposé posté dans une guérite minuscule installée au milieu des voies. Et faire du pont une véritable vache à lait.
Avantageux raccourci pour ceux qui se rendent non loin de là à Oxford, au nord-ouest de Londres, le pont fait partie de ces bizarreries qui font le charme suranné de l'Angleterre. En 1767, le comte d'Abingdon obtenait la permission de le faire construire à ses frais à condition de pouvoir prélever un péage, sans payer d'impôts. Le privilège lui a été garanti par une loi, toujours en vigueur.
"Une occasion unique de faire un investissement produisant un revenu non imposable", vante la maison d'enchères Allsop, qui le mettra sous le marteau jeudi prochain à Londres à un prix estimé entre 1 et 1,25 million de livres (1,10 à 1,38 million d'euros).
"Les enchères ont soulevé un énorme intérêt", majoritai